Je livre là quelques remarques concernant une expérience de plus de 15 ans de harcèlement dans les usines de la région: ce que j'ai eu a supporter de manière quasi constante mais pas toujours intense.
J'ai remarqué plusieurs effets:
__Lorsque le harcellement s'arrête vous êtes déstabilisé. Vous êtes tellement "conditionné" que vous ne savez plus que faire. Vous pouvez même avoir une crise d'angoisse: serais-je à nouveau capable d'endurer si cela s'arrête trop longtemps? C'est un peu le réflexe du looser qui ne sait pas quel comportement adopter en cas de succès et provoque l'échec pour se rassurer.
__ Vous finissez par adopter un comportement anormal dans le sens que vous gardez une apparence normale alors que je devriez devenir fou et violent (ce qui m'arrive parfois). J'ai vu des personnes victimes de harcèlement péter régulièrement les plombs. Ils étaient dans la phase primaire. Plus tard vous ne pouvez plus vous payer le luxe de péter les plombs (si vous n'êtes pas viré) car vous deviendriez cardiaque ou vous tomberiez d'épuisement. Souvent ils ajoutent à leur comportement un accroissement de pénibilité, et parfois du sabotage. J'en suis arrivé à me demander aussi, s'il n'y aurais pas dans quelque coutume locale la pratique de l'empoisonnement: j'ai remarqué une fréquence anormale d'infections graves ces dernières années. Mais cette interrogation n'est probablement qu'une simple crise de paranoïa.
__ Une fois bien acquis un comportement "normal" d'adaptation au harcèlement, il suffit de faire quelques rappels. C'est comme réviser sa leçon, ça prends moins de temps. L'avantage est qu'il est moins risqué de se faire prendre. De toute façon la hiérarchie est souvent de connivence et vous n'avez d'autre alternative que d'endurer, de partir, ou devenir un criminel (plus exactement un tueur).
C'est incroyable que l'on puisse encore réaliser de tels exploits en France aujourd'hui. Je les croyais réservés au temps du bloc soviétique. Un mini Goulag.
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